Identités remarquables
Publié à 16h25 par Doktor Igor, Lord Tesla, Capt. Hannibal et Mario le Martien sous Psychologie, Représentations et modèles
Où l’on se dote d’outils pour étudier la multiplicité qui caractérise (peut-être) chacun d’entre nous. Naviguant entre psychologie et philosophie, nous proposons un cadre pour analyser les systèmes de personnalités que notre esprit pourrait abriter. Nous l’appliquons ensuite sur un exemple connu afin de mesurer les résultats obtenus lorsque l’on essaye de forcer le clivage du moi.
“[…] man is not truly one, but truly two. I say two, because the state of my own knowledge does not pass beyond that point. Others will follow, others will outstrip me on the same lines; and I hazard the guess that man will be ultimately known for a mere polity of multifarious, incongruous and independent denizens.”
[L’homme n’est en réalité pas un, mais bien deux. Je dis deux, parce que l’état de mes connaissances propres ne s’étend pas au-delà. D’autres viendront après moi, qui me dépasseront dans cette voie, et j’ose avancer l’hypothèse que l’on découvrira finalement que l’homme est formé d’une véritable confédération de citoyens multiformes, hétérogènes et indépendants.]
Robert Louis Stevenson, Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (1886)
Il y a quelques jours, Tesla nous proposait de prendre acte (d’une façon fort surprenante) de la fragmentation du moi à laquelle nous contraint la vie en société. Pour exploiter toutes les ressources de notre esprit, développer notre empathie et résoudre les contradictions liées aux différents rôles que nous jouons, il nous invitait tout bonnement à nous représenter notre être comme un système de personnalités multiples. Dans son idée, il relève de notre responsabilité de façonner nos alter ego en fonction du rôle qu’on souhaite leur conférer (c’est-à-dire de leur attribuer nos savoirs et nos compétences suivant nos besoins) et d’assurer notre contrôle sur l’agencement de ces divers avatars.
Pour l’heure, n’opposons pas de réaction véhémente à cette proposition saugrenue. Est-elle fondée sur un principe “vrai” ? Sommes-nous donc la somme ou la combinaison de plusieurs personnalités ? Sur quelle base théorique pouvons-nous poser “être plusieurs personnes” ?
La vérité n’intéresse pas Hannibal, rappelez-vous : lui se demande uniquement si les choses “marchent”. A l’en croire, les théories sont validées si elles nous sont utiles, c’est-à-dire si elles nous permettent de décrire (ce qui se passe ou s’est passé) et/ou de prédire (ce qui va se passer). Suivant la méthode décrite lors de notre discussion sur les croyances limitantes, nous allons donc nous livrer aujourd’hui à un exercice de “négociation des croyances” afin de questionner notre individualité : qu’obtient-on en relâchant l’hypothèse d’unicité du moi ? Gagnons-nous en compréhension en supposant chaque individu scindé en personnalités multiples ?
Parce que nous ne savons pas si nous sommes bel et bien “un” (et que trancher sur ce point nous est plutôt indifférent), nous allons postuler le contraire, juste pour voir à quoi cette idée peut nous faire aboutir. Nous abordons notre recherche de façon pragmatique, en partant de ce que nos yeux nous donnent à observer : des comportements. La pertinence de nos théories se mesurera donc à la qualité de la réponse à la question suivante : nos modèles nous permettent-ils de mieux expliquer ou prévoir les comportements des individus ?
1. Définitions classiques et personnelles
Observer la manière dont se comporte quelqu’un nous conduit à constater la récurrence d’actes et d’attitudes. Comment rendre compte de cette régularité ?
Kurt Lewin, l’un des fondateurs de la psychologie sociale, posait en 1931 l’équation suivante : B = f (P, E). Il signifiait par là que le comportement (Behavior, B) est une fonction (f) de la personne (Person, P) et de l’environnement (Environment, E). La formule souligne que les actes d’un individu résultent de qui il est autant que du contexte ou de la situation temporaire dans laquelle il se trouve. Inclure à la fois P et E comme variables explicatives offre l’avantage d’un modèle ouvert et flexible : suivant les cas, on pourra se demander si les variations de comportement procèdent de la situation ou du sujet. Découvrons justement ce que différentes écoles d’analyse nous mitonnent avec cette soupe de lettres.
L’approche adoptée par le comportementalisme (ou behaviorisme) consiste à poser que le comportement observable est entièrement déterminé par l’environnement (E) et l’histoire des interactions de l’individu avec son milieu (P). Le sujet est vu comme un organisme stimulé par l’environnement. Son comportement résulte du conditionnement auquel il a été soumis, et s’apprécie simplement comme la réponse à des stimuli extérieurs (C). Aucun processus psychique n’est considéré ; non observables, donc hypothétiques, les “variables internes” n’intéressent pas le behavioriste : son objet d’étude est une boîte noire qu’il choisit d’appréhender de l’extérieur. Dans une perspective behavioriste, une personne est définie par son conditionnement ; le modèle descriptif et prédictif de son comportement se réduit à une liste de réponses conditionnées.
Une autre méthodologie, fondée sur d’autres préconceptions, propose d’admettre l’existence d’une vie mentale de l’individu. On postule que le sujet est animé par des processus internes d’un ordre supérieur à celui de la seule biologie : on parle d’âme, d’esprit, de psyché. Comprendre la nature et le fonctionnement de ces phénomènes psychiques, s’ils existent (ou du moins si la théorie fonctionne), doit permettre une meilleure modélisation de la personne et de ce qu’elle accomplit. Et ce même si la seule fenêtre dont nous disposions pour entrapercevoir l’activité intérieure des âmes, au moins dans notre observation des autres, tient aux modes d’expression de l’individu : attitudes, comportements, actes, paroles…
En route, donc : partons d’une description minimale de cette vie de l’esprit. A supposer que tous les objets ci-dessous aient une quelconque réalité (et que les distinctions proposées soient opérantes), notre psychisme pourrait être composé :
- d’éléments de “stock” : souvenirs, croyances, idées…
- de flux : émotions, impressions, pensées, envies…
- de mécanismes, de processus : conscience, perception, réflexion…
- de capacités et de compétences : mémoire, intuition, imagination, jugement…
L’identité peut se comprendre comme la façon unique dont tous ces objets s’organisent dans l’esprit d’un individu : valeurs prises par les variables de stock (quels souvenirs, quelles croyances ?), types de flux et d’éléments produits par la mécanique interne, facultés intellectuelles du sujet, etc. Appelons l’étymologie à la rescousse : cet ensemble structuré est en effet ce qui peut nous “identifier” et qui, sans rester absolument “identique” (identitas provient de idem, “le même”), marque un changement dans la continuité.
Toutefois, comme il nous est impossible d’avoir une vision complète de l’identité des autres, ou même de la sienne, l’usage courant du terme renvoie plutôt à une version plus accessible de cette identité véritable : non pas ce que l’on est, mais la reconnaissance de ce que l’on est, par soi-même ou par les autres. Dans cette acception, l’identité englobe les notions de conscience de soi et de représentation de soi.
La notion de personnalité, ensuite, est elle aussi très délicate à manier ; le terme est utilisé par des auteurs qui lui attribuent des significations fort différentes. Pour bien saisir la manière dont nous l’emploierons ici, un nouveau détour par l’étymologie est utile : le terme de personnalité dérive de persona, mot latin (du verbe personare, per-sonare : “parler à travers”) qui désignait le masque de théâtre antique grec. D’un côté, le masque permettait à la voix de porter au loin ; de l’autre, il donnait au comédien l’apparence du personnage interprété. Il servait donc d’interface entre l’acteur, son rôle et le public.
De même, la personnalité peut se comprendre comme la manifestation d’une nature individuelle véritable, l’interface entre un psychisme intérieur inaccessible aux observateurs et le rôle que le sujet se voit automatiquement attribuer, dès lors qu’il agit dans le monde extérieur. C’est l’identité en action, dans le cadre du rôle joué par le sujet.
L’immersion de l’identité réelle dans un univers avec lequel elle doit interagir la conduit ainsi à modeler son masque. La personnalité se construit selon un processus complexe, dont découle une structuration unique et singulière de ses différentes composantes. Dans une perspective dynamique, la personnalité résulte ainsi de l’intégration des fonctions psychiques de l’individu, c’est-à-dire du rattachement de toutes ses compétences (perception, mémoire, raison…) à un moi en formation.
A terme, la personnalité traduit une permanence de l’attitude du sujet au monde et le rend reconnaissable, distinct des autres. Les deux idées communes aux définitions de la personnalité sont en effet :
- la stabilité (continuité des modes d’action et de réaction)
- la spécificité (ce qui fait de l’individu un être original, avec une manière d’être qui lui est propre)
Caractéristiques stables et uniques de la personne, les traits de personnalité expriment la façon qu’a le sujet d’entrer en relation avec le monde qui l’entoure (comment il perçoit le monde, le pense et se situe au sein de celui-ci). Notons aussi que la personnalité se confond parfois avec les termes de :
- caractère (cependant, certains associent cette notion au seul produit de l’apprentissage social ou cognitif, excluant dans leur acception toute considération pour les caractéristiques héréditaires)
- tempérament (plutôt lié quant à lui à la constitution physiologique d’un individu, à ses caractéristiques organiques)
La personnalité en est la synthèse, produit de l’inné et de l’acquis, fruit de l’hérédité, du milieu social et de l’environnement en général.
2. Dualité, multiplicité, coupure publicité
Au vu des définitions précédentes, nous décidons de moderniser l’équation de Lewin en la reformulant de la sorte : les comportements dépendent à la fois de la personnalité et de la situation. Soit C = P x S (on fera simple, volontairement).
Sauf que les définitions présentées dissimulaient une entourloupe. Un cheval de Troie, une faille que nous allons nous empresser d’exploiter. L’avez-vous détectée ?
C’est en fait une définition manquante : celle du “rôle”. L’explication de la notion de personnalité faisait intervenir à la fois l’identité réelle (la “nature véritable” du sujet) et le rôle, puisque la personnalité y était décrite comme l’interface entre les deux ; rien ne garantit donc que la personnalité reste identique si le rôle change. Or qu’est le rôle, justement ? Il sera difficile de le considérer comme unique, et de croire que la plongée dans le monde réel confère au sujet un rôle immuable tout au long de sa vie. En psychologie sociale, le rôle est un ensemble de conduites associées à un statut particulier (père, ouvrier, sportif, coureur de jupons, etc.). Et comme nous l’avons vu la fois dernière, la vie en société nous contraint à jouer des rôles très différents suivants les situations dans lesquelles nous nous trouvons projetés.
C = P x S. Or S, la situation, joue sur le rôle… qui joue sur la personnalité exhibée P. “Les” personnalités sont en train de remplacer l’idée de “la” personnalité. L’affaire se complique ; on aurait dû se douter que cette équation était par trop simpliste.
Mais c’est sans doute que nous n’avions pas perçu toute sa portée. En associant personnalité et situation, la formule ne fait rien d’autre qu’établir, justement, que le comportement ne peut être réduit à l’immuabilité des caractères du sujet. L’individu est décrit moins précisément comme un ensemble de caractères que comme un ensemble de couples caractère-situation : Robert n’est pas travailleur, jovial ou obsédé, il est dur à la tâche au bureau, joyeux en soirée avec les gens qu’il apprécie, et très excité en revoyant sa copine après 48h d’abstinence.
En postulant qu’une personne abrite différentes personnalités, c’est exactement la difficulté que nous essayons de contourner : nous affirmons qu’il existe bel et bien des tendances comportementales stables dans le temps, mais nous essayons de les rattacher à des types de situation. Ce sont donc les situations qui décident de l’intervention de l’une ou l’autre de nos “personnalités”. Le terme, déjà surchargé de définitions, n’était peut-être pas le plus adapté, mais il a pour lui l’avantage de la flexibilité : puisqu’il se situe à un haut niveau d’abstraction, on peut décider de lui faire prendre des significations diverses. Et, dans les paragraphes qui suivent, notre acception du terme va devenir encore plus lâche (mais si cela vous choque, remplacez-le par “état de personnalité” ou même “personnage”, et la logique de l’argumentation sera préservée).
En effet, nous allons reconnaître au mot original sa pleine dimension de masque : nous redéfinissons ici la personnalité comme un agrégat cohérent de différents éléments constitutifs de l’identité réelle (stocks, flux, processus et compétences), stable dans le temps, et doté d’un accès direct à des modes d’expression externes. En peu de mots (au détriment de la rigueur) : une manière stable d’agir et de réagir. Armés d’une définition aussi souple, nous allons pouvoir étudier une foule de concepts sous le terme unificateur de “personnalité”, en combinant tous les éléments disparates en de grands ensemble plus ou moins homogènes (conscient et inconscient, types de personnalités de Jung, etc.).
Notre objectif ultime est de traiter les cas d’instabilité et de multiplicité de comportement comme des conflits de personnalités elles-mêmes uniques et stables. Nous faisons tantôt le bien, tantôt le mal ? Rien d’autre qu’un conflit de personnalités : d’un côté c’est notre petit ange qui nous murmure des bontés à l’oreille, tandis que notre petit démon nous souffle des méchancetés de l’autre.
Pour atteindre notre but, il nous faut introduire une dernière expression : un système de personnalités (ou “famille de personnalités”) est un ensemble de personnalités qui cohabitent dans la psyché d’un individu, c’est-à-dire entre lesquels l’individu peut basculer suivant la situation. Psychologues et adeptes du développement personnel ont conçu des théories décrivant des systèmes de personnalité standards, supposés communs à tous les hommes. Ces modèles décrivent des personnalités dont la structure est identique pour chaque individu, mais que chacun façonne en fonction de son environnement, de son milieu social et de ses expériences de vie. Les scripts sont standardisés ; il n’y a plus qu’à paramétrer les variables internes propres à chacun, et roulez jeunesse !
3. Cadre d’analyse des systèmes de personnalités
Nous analyserons quelques-uns de ces systèmes de personnalités standards sur ce blog. Pour évaluer leur pertinence et leur intérêt, mais aussi pour étudier un système non standard, par exemple dans le cas d’un sujet souffrant d’un TDI, nous proposons de poser les questions suivantes :
- Distribution : combien y a-t-il de personnalités dans le système (caractéristique appelée la “valence”), et qui sont-elles ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Y a-t-il des personnalités composites (c’est-à-dire qui en incluent d’autres) ?
- Identité : y a-t-il une personnalité principale (“hôte”) ? Si oui, laquelle ?
- Accès aux ressources : comment se répartissent les fonctions, savoirs et compétences ? En particulier, les souvenirs sont-ils partagés ?
- Basculement : comment l’individu passe-t-il d’une personnalité à l’autre ? Quelle est l’instance décidant de ces changements (le “Dérailleur”) ? Est-elle clairement identifiée, est-ce l’une des personnalités ? Qui donc exerce le contrôle sur les manifestations extérieures ?
- Origine : le clivage est-il dû à un acte, un évènement fondateur ? Comment les personnalités se sont-elles construites ? De quoi se nourrissent-elles ?
- Liens : quelles relations entretiennent les personnalités ? Quelle conscience ont-elles les unes des autres ? Se perçoivent-elles comme les différentes facettes d’une même personne ? Admettent-elles seulement être une même personne ? Se sentent-elles responsables des actes commis par les autres ?
Pour retenir aisément ce cadre d’analyse, nous l’appellerons le modèle DIABOL. Rappelons en effet que le mot “diable”, étymologiquement, provient du grec ancien diabolos : “qui sépare, divise, désunit”.
Le Dérailleur est aux commandes
Avec notre définition très large des personnalités, voici des exemples de systèmes standards parmi les plus connus, classés par valence :
- binaire : bon ou mauvais (Double Face de Batman) ; conscient et inconscient (première topique de Freud) ; ombre et persona (Jung)
- ternaire : Ça, Moi et Surmoi (seconde topique de Freud) ; Enfant, Adulte et Parent (états du moi de l’analyse transactionnelle)
La souplesse de notre approche nous permet aussi d’inclure dans le champ de notre étude les théories du type. En psychologie de la personnalité, on distingue en effet :
- des théories du trait : pour un trait de personnalité donné (par exemple l’extraversion ou l’agréabilité), tout individu peut se voir attribuer une note correspondant à son positionnement sur l’échelle considérée (de très introverti à très extraverti, de très désagréable à très agréable). Savoir à quel niveau se situe l’individu sur chacun des traits d’un modèle permet de le classer dans le cadre de la théorie du trait en question. Pour qu’un tel modèle soit pertinent, il doit donc proposer des traits de personnalité représentatifs et discriminants (voir l’exemple des Big Five) ;
- des théories du type : des types de personnalité sont décrits, qui englobent les individus ayant une certaine plage de notes sur un ensemble de traits de personnalité (par exemple, les individus dotés d’une personnalité de type A sont ambitieux, agressifs, impatients, mus par l’esprit de compétition ; les types B sont plus décontractés et faciles à vivre). Pour qu’une telle théorie ait du sens, il faut que l’ensemble des types proposés soit complet et discriminant (bien segmentant, quoi).
Cependant, les classes définies par les théories du types sont rarement tout à fait disjointes ou incompatibles ; suivant les cas, les individus empruntent à chacun des traits, et leur rattachement strict à une catégorie unique devient délicat. Il est donc plus réaliste de définir tout homme comme portant en lui la totalité des types décrits par la théorie, mais avec des pondérations différentes. Imaginez par exemple le cas d’un trader qui serait à 90% de type A (accro à la coke, face à ses 5 écrans de télévision lui indiquant en direct la cotation du sucre dans 30 pays), et à 10% de type B (au moins quand il nage au milieu des poissons dans les Caraïbes, entre deux joints de cannabis). Dès lors, il est possible de conduire une analyse DIABOL sur un sujet donné selon chacune des théories du type, dont par exemple :
- systèmes de valence 2 : type A ou B, Martien et Vénusienne (caractéristiques “masculines” et “féminines” vues par John Gray)
- valence 4 : théorie des humeurs, théorie “des couleurs”
- valence 8, 16, 64… (suivant comment on compte) : types de Jung
- valence 9 : ennéagramme
Pour finir, découvrons en pratique les résultats d’une analyse DIABOL conduite sur un cas bien connu, déjà évoqué plus haut (pas le Professeur Foldingue, rassurez-vous).
4. Le bon, la brute et celui qui truande
L’Etrange affaire du Dr Jekyll et de Mr Hyde raconte l’histoire terrible d’un homme qui entreprend de dépasser sa dualité en séparant les composantes de son âme. Et qui se vautre lamentablement. Pour plus de clarté, nous citerons une version française, mais l’original annoté est consultable ici.
Nous sommes à Londres, où le Dr Henry Jekyll jouit d’une solide position sociale et ne semble pas accuser de difficulté pécuniaire, bien qu’on ne sache pas très bien quelle activité professionnelle il exerce entre deux transformations (encore un rentier, probablement). Digne représentant de la société victorienne, le bon docteur s’astreint à l’hypocrisie qui la caractérise : obnubilé par ses démons intérieurs, il avoue lutter contre ses pulsions et refouler ses vices pour se plier à la stricte morale qui prévaut au sein de sa classe sociale. Afin de se libérer de ses sombres penchants, il décide de scinder sa double personnalité : il y aura d’un côté celle qui accomplit les bonnes actions, et de l’autre celle qui cède aux aspirations les plus délétères.
“Il suffirait, me disais-je, de pouvoir caser chacun d’eux dans une individualité distincte, pour alléger la vie de tout ce qu’elle a d’insupportable : l’injuste alors suivrait sa voie, libéré des aspirations et des remords de son jumeau supérieur ; et le juste s’avancerait d’un pas ferme et assuré sur son chemin sublime, accomplissant les bonnes actions dans lesquelles il trouve son plaisir, sans plus se voir exposé au déshonneur et au repentir causés par ce mal étranger. C’est pour le châtiment de l’humanité que cet incohérent faisceau a été réuni de la sorte – que dans le sein déchiré de la conscience, ces jumeaux antipodiques sont ainsi en lutte continuelle. N’y aurait-il pas un moyen de les dissocier ?”
Le Dr Jekyll entend donc pousser à l’extrême l’approche que nous préconisions : se fondre dans sa personnalité la plus appropriée en chaque situation tout en gardant le contrôle sur ses actes. Le résultat sera désastreux : il ne parviendra à isoler que sa personnalité la plus maléfique, et finira par sombrer entièrement dans cette identité.
Appliquons le modèle DIABOL au système de personnalités que Jekyll nous décrit lui-même. Nous verrons que les personnalités ne sont pas forcément celles que l’on croit.
D – Distribution
“Malgré toute ma duplicité, je ne méritais nullement le nom d’hypocrite : les deux faces de mon moi étaient également d’une sincérité parfaite ; je n’étais pas plus moi-même quand je rejetais la contrainte et me plongeais dans le vice, que lorsque je travaillais, au grand jour, à acquérir le savoir qui soulage les peines et les maux.”
Dr Jekyll prétend être composé de deux personnalités, une “bonne” et une “mauvaise”. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, pourtant, il n’y a pas de correspondance exacte entre ces deux caractères et les personnages du Dr Jekyll et de Mr Hyde. Certes, Mr Hyde concentre (soi-disant) la méchanceté de Jekyll, et laisse libre cours à ses pulsions. Bon, il trouve quand même moyen d’agir de façon très rationnelle, voie bien urbaine (songez donc : il bouscule une fillette, et obtient le pardon des parents en leur cédant un chèque !) ; le narrateur restera d’ailleurs très flou sur les mauvais agissements de Hyde (c’est à peine s’il éclate un gars dans la rue), et nous ne pouvons que conjecturer des histoires d’alcool, de drogues et de femmes (si tant est que tout cela mérite d’être considéré comme “maléfique”).
“Les plaisirs que je m’empressai de rechercher sous mon déguisement étaient, comme je l’ai dit, peu relevés, pour n’user point d’un terme plus sévère. Mais entre les mains d’Edward Hyde, ils ne tardèrent pas à tourner au monstrueux. En revenant de ces expéditions, j’étais souvent plongé dans une sorte de stupeur, à me voir si dépravé par procuration. Ce démon familier que j’évoquais hors de ma propre âme et que j’envoyais seul pour en faire à son bon plaisir, était un être d’une malignité et d’une vilenie foncières ; toutes ses actions comme toutes ses pensées se concentraient sur lui-même ; impitoyable comme un homme de pierre, il savourait avec une bestiale avidité le plaisir d’infliger à autrui le maximum de souffrances.”
Toujours est-il que le docteur, lui, n’est pas infiniment bon : s’il contrôle ses actions et ses attitudes pour tenir son rang, il n’en reste pas moins la proie de ses désirs et de ses envies. Il est déjà un être composite, dont la nature ne s’oppose à celle de Hyde qu’en tant que le docteur est contrôlé, tandis que Hyde est tout à fait libéré, lui.
“[…] tout en ayant désormais deux personnalités aussi bien que deux figures, l’une était entièrement mauvaise, tandis que l’autre demeurait le vieil Henry Jekyll, ce composé hétérogène que je désespérais depuis longtemps d’amender ou de perfectionner”
On peut donc définir un système de personnalités de valence 3 :
- “Mr Good” : une personnalité bonne, animée de désirs et d’ambitions honorables (faire progresser la science, être agréable à ses amis, etc.) ; nous ne la verrons pas apparaître sous la forme d’une enveloppe physique spécifique, mais c’est bien elle qui s’exprimera au travers des bonnes actions de Jekyll
- Mr Hyde : une personnalité maléfique, vicieuse et bestiale, mue par des pulsions infamantes (regarder sous la culotte des filles, tabasser les vieux dans la rue, etc.)
- Dr Jekyll : un être composite attaché à la morale de la bonne société, et qui porte en lui à la fois Mr Good et Mr Hyde ; il laisse donc l’un ou l’autre prendre le contrôle en fonction de la situation et des exigences de la moralité
I – Identité
Dès lors, Dr Jekyll n’est pas l’opposé de Hyde ; il ne fait pas que basculer entre bonté et méchanceté à la façon dont un Double Face pourrait le faire : soumis en permanence à l’influence de ses deux penchants, il négocie lequel est à mettre en avant suivant les circonstances. Jekyll est l’identité sociale du couple formé par Mr Good et Mr Hyde ; exerçant un contrôle plus ou moins sévère, il réalise l’interface entre le couple infernal et le monde extérieur.
“[…] je vis que, des deux personnalités qui se disputaient le champ de ma conscience, si je pouvais à aussi juste titre passer pour l’un ou l’autre, cela venait de ce que j’étais foncièrement toutes les deux”
A – Accès aux ressources
Pour traduire à quel point Hyde diffère du Dr Jekyll, l’auteur a la bonne idée de leur donner une apparence physique différente.
“Le mauvais côté de ma nature, auquel j’avais à cette heure transféré le caractère efficace, était moins robuste et moins développé que le bon que je venais seulement de rejeter. De plus, dans le cours de ma vie, qui avait été, somme toute, pour les neuf dixièmes une vie de labeur et de contrainte, il avait été soumis à beaucoup moins d’efforts et de fatigues. Telle est, je pense, la raison pourquoi Edward Hyde était tellement plus petit, plus mince et plus jeune que Henry Jekyll. Tout comme le bien se reflétait sur la physionomie de l’un, le mal s’inscrivait en toutes lettres sur les traits de l’autre. Le mal, en outre (où je persiste à voir le côté mortel de l’homme), avait mis sur ce corps une empreinte de difformité et de déchéance.”
Stylistiquement et scénaristiquement, il n’y a rien à redire, mais sur le plan de l’analyse de personnalité, c’est plutôt choquant : le corps n’est-il pas finalement le seul élément extérieur qui permette de maintenir le sentiment d’unité des personnalités ? La seule preuve mesurable d’individualité ? Jekyll répond lui-même à la question, au moins en ce qui le concerne (car on a le droit de continuer à douter) :
“Et pourtant, lorsque cette laide effigie m’apparut dans le miroir, j’éprouvai non pas de la répulsion, mais bien plutôt un élan de sympathie. Celui-là aussi était moi. Il me semblait naturel et humain. À mes yeux, il offrait une incarnation plus intense de l’esprit, il se montrait plus intégral et plus un que l’imparfaite et composite apparence que j’avais jusque-là qualifiée de mienne.”
Hyde, mû par ses désirs plutôt que par la contrainte ou la morale, semble plus flexible, plus à même d’adapter son comportement aux objectifs qu’il souhaite atteindre :
“J’ai plus d’une fois observé que, sous ma seconde incarnation, mes facultés semblaient aiguisées à un degré supérieur, et mes énergies plus tendues et plus souples”
Au moins Hyde et le Dr partagent-ils leurs souvenirs, c’est déjà ça :
“Mes deux natures possédaient en commun la mémoire, mais toutes leurs autres facultés étaient fort inégalement réparties entre elles”
B – Basculement
C’est l’autre point psychologiquement douteux, mais scénaristiquement malin. Dans les premiers temps, Dr Jekyll devient Mr Hyde après ingestion d’un breuvage de sa composition. Il a besoin de sa potion magique pour passer de l’une à l’autre de ses personnalités.
“Ne me suffisait-il pas de boire la mixture, pour dépouiller aussitôt le corps du professeur en renom, et pour revêtir, tel un épais manteau, celui d’Edward Hyde ?”
Peu à peu, cependant, la machine s’emballe : non seulement le docteur se réveille spontanément sous la forme de Hyde, mais Hyde a de plus en plus de mal à redevenir Jekyll. Il va rester coincé, si ça continue – et ça continuera :
“Tout donc semblait tendre à cette conclusion : savoir, que je perdais peu à peu la maîtrise de mon moi originel et supérieur, pour m’identifier de plus en plus avec mon moi second et inférieur”
L’artifice de la drogue chimique est gênant, car il cache le fait qu’on ne sait pas très bien qui/quoi prend la décision de prendre l’une ou l’autre personnalité. Est-ce une affaire de volonté ? S’il y a bien une leçon à tirer de l’histoire, c’est l’échec de la volonté :
“[…] et il advint de moi, comme il advient de la plus grande majorité de mes frères humains, que je choisis le meilleur rôle mais que je manquai finalement d’énergie pour y persévérer.
Oui, je préférai être le docteur vieillissant et insatisfait, entouré d’amis et nourrissant d’honnêtes espérances ; et je dis un adieu définitif à la liberté, à la relative jeunesse, à la démarche légère, au sang ardent et aux plaisirs défendus, que j’avais goûtés sous le déguisement de Hyde. […] durant deux mois l’austérité de ma vie dépassa tout ce que j’avais réalisé jusque-là, et je goûtai les joies d’une conscience satisfaite. Mais le temps vint peu à peu amortir la vivacité de mes craintes ; les éloges reçus de ma conscience m’apparurent bientôt comme allant de soi, je commençai à être tourmenté d’affres et d’ardeurs, comme si Hyde s’efforçait de reconquérir la liberté ; si bien qu’à la fin, en une heure de défaillance morale, je mixtionnai à nouveau et absorbai le breuvage transformateur.”
La transformation est d’ordre pulsionnel : Jekyll semble ressentir une force intérieure qui le pousse à devenir Hyde. Il a beau commettre les pires horreurs dans le rôle de son double démoniaque, à l’en croire, Jekyll ne peut s’empêcher de rechuter :
“Désormais il ne pouvait plus être question de Hyde ; et bon gré mal gré je m’en voyais réduit à la meilleure part de mon être. Oh ! combien je me réjouis à cette idée ! Avec quelle humilité volontaire j’embrassai à nouveau les contraintes de la vie normale ! Avec quel sincère renoncement je fermai la porte par laquelle j’étais si souvent sorti et rentré, et en écrasai la clef sous mon talon !
[…] mais je restais sous la malédiction de ma dualité ; et lorsque le premier feu de mon repentir s’atténua, le côté inférieur de mon moi, si longtemps choyé, si récemment enchaîné, se mit à réclamer sa liberté. Ce n’était pas que je songeasse à ressusciter Hyde ; cette seule idée m’affolait ; non, c’était dans ma propre personne que j’étais une fois de plus tenté de biaiser avec ma conscience ; et ce fut en secret comme un vulgaire pécheur, que je finis par succomber aux assauts de la tentation.”
Dans l’autre sens, curieusement, Hyde semble ne pas tout miser sur le vice, mais être aussi capable de réfléchir rationnellement, ou même de ressentir la peur. Il a comme des traces de Jekyllité, choisissant de reprendre la forme du docteur, soit qu’il craigne d’être arrêté et condamné à mort pour ses méfaits, soit qu’il veuille faire souffrir le docteur en le contraignant à prendre conscience des méfaits qu’il commet. Plus curieux encore, c’est parfois Jekyll qui pense et agit, bloqué dans le corps de Hyde, et terrorisé à l’idée d’y rester :
“Après quoi, Hyde resta toute la journée assis devant le feu, à se ronger les ongles, dans le salon particulier ; il y dîna seul avec ses craintes”
Pas facile à comprendre.
O – Origine
Jekyll insiste à de nombreuses fois sur la dualité irréductible de l’homme.
“La drogue n’avait pas d’action sélective ; elle n’était ni diabolique ni divine ; elle ne faisait que forcer les portes de la prison constituée par ma disposition psychologique, et, à l’instar des captifs de Philippes, ceux-là qui étaient dedans s’évadaient. À cette époque, ma vertu somnolait ; mon vice, tenu en éveil par l’ambition, fut alerté et prompt à saisir l’occasion ; et l’être qui s’extériorisa fut Edward Hyde.”
Hyde se nourrit du mal qu’il exerce :
“Cette partie de moi-même que j’avais le pouvoir de projeter au-dehors, avait en ces temps derniers pris beaucoup d’exercice et de nourriture ; il me semblait depuis peu que le corps d’Edward Hyde augmentait de taille et que j’éprouvais, sous cette forme, un afflux de sang plus généreux. Le péril m’apparut : si cette situation se prolongeait, je risquais fort de voir l’équilibre de ma nature détruit de façon durable ; et, le pouvoir de transformation volontaire aboli, la personnalité d’Edward Hyde remplacerait la mienne, irrévocablement.”
L – Liens
Les deux personnalités ont bien conscience l’une de l’autre. Conscience d’habiter le même corps, même si sa forme peut changer. Au départ, le bon docteur toise Hyde, comme s’il s’en méfiait, mais le suit aussi dans ses pulsions ; Hyde lui est indifférent, car il ne se soucie que de ses propres plaisirs.
“Jekyll (cet être composite) éprouvait tantôt les craintes les plus légitimes, tantôt une alacrité avide de s’extérioriser dans les plaisirs et les aventures de Hyde et à en prendre sa part : Hyde au contraire n’avait pour Jekyll que de l’indifférence, ou bien il se souvenait de lui uniquement comme le bandit des montagnes se rappelle la caverne où il se met à l’abri des poursuites. L’affection de Jekyll était plus que paternelle ; l’indifférence de Hyde plus que filiale. Remettre mon sort à Jekyll, c’était mourir à ces convoitises que j’avais toujours caressées en secret et que j’avais depuis peu laissées se développer”
Cependant, devant les ignominies que commet Hyde, le docteur n’est plus solidaire de son double. Il ne se sent aucunement responsable, n’étant pas “lui-même” en tant que Hyde :
“Il, dis-je, et non pas : je. Ce fils de l’enfer n’avait plus rien d’humain, rien ne vivait en lui que la peur et la haine.
[…] Henry Jekyll était parfois béant devant les actes d’Edward Hyde ; mais la situation, en échappant aux lois ordinaires, relâchait insidieusement l’emprise sur sa conscience. C’était Hyde, après tout, le coupable, et lui seul. Jekyll n’en était pas pire ; il trouvait à son réveil ses bonnes qualités en apparence intactes ; il s’empressait même, dans la mesure du possible, de défaire le mal que Hyde avait fait. Et ainsi s’endormait sa conscience. Mon dessein n’est pas d’entrer dans le détail des ignominies dont je devins alors le complice (car même à cette heure je ne puis guère admettre que je les commis.”
Le sentiment qu’éprouvent les deux personnalités l’une pour l’autre se dégrade à mesure qu’elles luttent pour le contrôle. Il confine enfin à la haine :
“Du moins la haine qui les divisait était alors égale de part et d’autre. Chez Jekyll, c’était une question de défense vitale. Il connaissait désormais la plénière difformité de cette créature qui partageait avec lui quelques-uns des phénomènes de la conscience, et qui serait sa co-héritière à une même mort ; et, en sus de ces liens de communauté, qui constituaient par eux-mêmes les plus âcres de ses détresses, il voyait en Hyde, malgré toute sa puissante vitalité, un être non seulement infernal mais inorganique. […] La haine de Hyde envers Jekyll était d’un ordre différent. Sa terreur du gibet le poussait naturellement à commettre un suicide provisoire et à reprendre sa situation subordonnée de partie au lieu d’individu ; mais il abhorrait cette nécessité, il abhorrait la mélancolie où s’enfonçait de plus en plus Jekyll, et il lui en voulait du dégoût avec lequel ce dernier le considérait.”
Bref, c’est à vous dégoûter de l’envie de diviser votre moi en autant de personnalités !
Conclusion : l’individualité est-elle une illusion ?
Nous ne nous prononcerons pas au sujet de la réalité ou non de l’individualité. Ce que nous voyons, c’est le champ des possibles qui nous est ouvert lorsque nous supposons qu’elle est illusion. Nous pouvons définir des systèmes de personnalités, et les analyser avec le modèle DIABOL.
Y gagnons-nous en compréhension et en pouvoir de prédiction sur la façon dont les gens se comportent ? Pour le savoir, il nous faudra revenir précisément sur certains systèmes de personnalités, et nous pencher en détail sur les théories associées. C’est un autre chantier, que nous aborderons bientôt.
Pourquoi traiter maintenant du sujet des personnalités, alors ? Pas seulement parce que jouer 5 personnes à la fois nous a offert de grands moments de cinéma (scène à voir ici en français ou là en VO incompréhensible). Mais peut-être parce que les prochains articles aborderont la question sous l’angle des théories du complot…
Et parce que nous espérons aussi, au passage, vous avoir mieux fait comprendre pourquoi nous sommes plusieurs avatars à intervenir sur ce blog. Au cas où vous ne l’auriez toujours pas compris, c’est bel et bien pour séparer nos motivations, nos ressources et nos modes d’action que nous avons donné naissance à sept avatars au comportement aussi tranché 🙂 !
Pour aller plus loin :
- Un texte solide sur l’identité personnelle, émaillé de définitions précises
- Passionnant article de Jean-Pierre Lentin brassant bon nombre de thèmes connexes, notamment la dimension morale du trouble de la personnalité multiple et la question de la prédominance d’une identité principale sur une famille de personnalités (avec, en conclusion, l’aveu d’une approche qui n’est pas si éloignée de la nôtre !)
- En cadeau de fin d’année (Noël approche, pour ceux qui ne seraient pas au courant), l’un des meilleurs épisodes de Batman The Animated Series, tout à fait dans le sujet !
Dans tes faces !
Auteurs : Doktor Igor, Lord Tesla, Capt. Hannibal et Mario le Martien
Tags : behaviorisme, chien de Pavlov, clivage du moi, comportement, Dr Jekyll, dualité, identité, Kurt Lewin, masque, Mr Hyde, mutliplicité, persona, personnalité, théorie du trait, théorie du type
“Jekyll est l’identité sociale du couple formé par Mr Good et Mr Hyde ; exerçant un contrôle plus ou moins sévère, il réalise l’interface entre le couple infernal et le monde extérieur.”
Je comprends enfin pourquoi dans la série adaptée du livre, l’avatar du héros s’appelle Jekyll et non pas Hyde !
D’ailleurs, avez-vous vu cette série ?